Edito tout frais : Grand Prix des Etats-Unis | Union sacrée chez Ferrari : Sainz sacrifié pour la victoire de Leclerc dimanche

On s’est demandé pourquoi Carlos Sainz était le seul parti en « tendre » en milieu de tous ses adversaires chaussés en « medium » puis on a compris à l’arrivée. Les techniciens de Ferrari se sont servis des 19 tours du sprint pour effectuer une comparaison de mélanges de pneumatiques qu’ils n’avaient pu faire – et personne d’autre surtout dans la pitlane – lors de l’unique entraînement, la veille sur le tracé étasunien.

Samedi à Austin, l’Espagnol de la Scuderia a vécu un pénible sprint et il s’y était préparé plus que son discours ne l’a laissé transparaître au terme de l’épreuve. Les gommes taguées de rouge de Pirelli n’étaient pas la meilleure option face aux enveloppes jaunes de la marque italienne, mais nul ne savait à quel point. La demi-heure d’épreuve au Circuit des Amériques a livré un verdict sans nuance, une quantité d’informations infiniment précieuses et peut-être décisives dans la bataille que Charles Leclerc livrera pour la victoire ce dimanche.

Ce n’est pas la première fois que cela arrive cette année, et les tifosi doivent s’en réjouir : le directeur d’équipe Frédéric Vasseur a encore su faire valoir l’intérêt supérieur du Cheval cabré pour maximiser les chances du Monégasque, en pole position dimanche. Un partie pris évident, sans discussion possible en regard de l’opportunité exceptionnelle offerte par la position de départ en retrait (6e) de Max Verstappen (Red Bull) sur la grille de départ.

Samedi, Charles Leclerc (Ferrari) a testé le Néerlandais au départ et il lui en a coûté la deuxième place, offert sur un plateau à Lewis Hamilton (Mercedes). « Il y avait une opportunité, un espace et j’ai essayé de m’infiltrer, a expliqué « Charlot ». C’était serré mais j’ai perdu la position sur Lewis. Ils (Mercedes) étaient un peu rapide que nous aujourd’hui. Nous devons travailler, comprendre ce que nous pouvons faire de mieux. Nous avons beaucoup de data à analyser avec deux voitures sur des stratégies différentes, ça va nous aider car nous savons maintenant mieux comment les ‘tendre’ se comportent. Nous allons essayer d’en tirer un avantage. J’espère que nous allons pouvoir gagner… »

Leclerc a joué et a perdu, mais derrière lui, Sainz a assuré l’essentiel en travaillant. L’Espagnol est parvenu à aller au bout de la logique de son option agressive, sans s’écrouler comme cela a pu arriver par le passée. Boosté pas ses gommes plus adhérentes, il a rempli son contrat en gagnant d’entrée deux places sur les McLaren de Lando Norris et Oscar Piastri. Puis il a longtemps résisté à la pression du jeune anglais, jusqu’à ce fatidique 10e tour lors duquel il a rendu les armes. Victime d’une dégradation prononcée de ses « tendre », il a aussi cédé face Sergio Pérez (Red Bull) au tour suivant, mais il est sorti gagnant d’un mano a mano avec George Russell (Mercedes) que d’aucuns aurait jugé perdu d’avance.

Ce qui est incroyable, c’est que Ferrari a donné à ce sprint d’un intérêt d’ordinaire tout relatif une importance presque capitale. Avec la bénédiction du Madrilène, qui ne s’est pas senti floué dans l’affaire. « Le modèle pneumatique nous disait que ce serait le bon pneu pour cette course, nous pouvions apprendre des choses pour dimanche, a-t-il constaté calmement pour Canal+ . Nous avions envie de prendre un peu plus des risques. Nous devons nous pencher là-dessus et analyser ça, mais nous n’étions sûrement pas avec les bons pneus. »

« Nous ne pouvons être entièrement satisfaits aujourd’hui mais ces 19 tours ont surtout été utiles pour nous donner une idée plus claire de la situation, de la position des équipes et de nos options lorsque nous nous alignerons sur la grille dimanche, a confirmé Frédéric Vasseur. Nous avons réparti les stratégies entre les deux voitures pour obtenir le plus d’informations possible sur le comportement des pneus sur le long terme. Carlos a eu du mal au milieu de la course, mais a réussi à se défendre face à la Mercedes. »

« Charles a un peu souffert de ce qui s’est passé au départ, mais il a quand même marqué beaucoup de points », a ajouté le manager français. Test intéressant et bilan positif : Ferrari a même repris un point à Mercedes au championnat du monde des constructeurs (27 points d’écart) lors de ce sprint où il y avait plus à perdre qu’à gagner.